jeudi 26 novembre 2015

On me parle caca et j'ai un humour de merde.





Ce matin, je devais me rendre au domicile d'un patient pour récupérer sa coproculture (j'aurai pu dire « pot à caca » mais ça fait vachement moins pro...). 

J'adore tout particulièrement les explications que l'on se doit de donner en amont au patient, pour assurer la bonne réalisation de ce genre d'examen. J'ai l'impression de jouer à un jeu télé :

«  Madame, vous allez devoir, en un minimum de temps et un minimum de mots, expliquer - COPROCULTURE - à ce joueur qui n'a jamais fait cet examen !

Mots clés : selles / caca - petit pot opaque (alors que celui des urines est transparent allez comprendre) - petite cuillère genre petite pelle à glace en pot de quand on était petit - bon de labo – ordonnance »

Un jour, alors que j’étais étudiante à l’hôpital, j'ai dû expliquer cet examen à un géorgien qui parlait parfaitement bien le russe (moi vachement moins). Gros moment de solitude... Mais depuis ce jour, je suis super forte en mime.

Mais mon patient de ce matin n'était pas géorgien et ses hochements de tête la veille semblaient me dire qu’il avait compris mes explications, ce qui m'aurait probablement permis d’accéder à la finale du jeu pyramide. Je me retrouvais devant chez lui, dans la rue éclairée par des néons oranges, à attendre qu'il me rapporte son pot, son petit paquet. 

Mon menton était enfoui dans mon foulard, mes yeux étaient lourds, j’étais à mon sixième jour non-stop, j’étais claquée. Une fois la passation du précieux faite, je lui rappelle que je reviendrais demain et le jour suivant pour les autres copro’, alors il me dit :

- C'est vrai que normalement, les copro' on les fait au cabinet !

« Oui, mais là c'est pas possible, je vous ai expliqué hier… Donc je passerai la récupérer demain » (Je pensais pourtant lui avoir expliqué le pourquoi du comment je devais venir à son domicile...)

- Oui mais normalement, c'est le genre d'examen qu'on fait plutôt au cabinet...

Là je me dis, qu'en plus de ses problèmes de transit il doit avoir de graves troubles mnésiques. Je suis dehors, j'ai froid, j'ai envie de m’engouffrer dans ma voiture surchauffée et je n'ai pas le courage de lui réexpliquer le pourquoi du comment ce fichu pot à crotte doit m'être donné en main propre chez lui plutôt qu'à mon cabinet. S'en est suivi une batTle de sourcil relevé genre : Qu'est ce que tu me dis là ? T'as pas compris la blague ? Ah c'était une blague !

- Cabinet... Copro'... WC quoi... C'était de l'humour en fait… Mais c'était pas drôle.

Oooooh… Non monsieur, c'est moi qui ai un humour de crotte. Surtout si on sait que la seule chose qui est sortie de ma bouche à ce moment là c'est : « Merde, désolée ! »

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...