vendredi 28 février 2014

Parfoi avoir une tête de chien est la meilleure des choses qui puisse leur arriver.





Ils s’appellent Suly, Sallie, Sunny. Mina, Mimi, Minette ou Mimine. Ils sont grands, petits, gras, parfois gros. Attachant, agaçants, pots de colle ou distants. Ils ont des gueules.
Ce sont les chiens et les chats que je croise lorsque je franchi la porte de certaines maisons. Dans le village où je travaille, il y a des quartiers à chats et des quartiers à chiens, avec toujours un minimum de chats. C’est comme ça. Et c’est comme si les voisins s’étaient accordés.

Si j’entends aboyer en sonnant à la porte, je me méfie, surtout si le chien ne me connait pas. Si je vois un chat entre deux voitures au moment de quitter la maison de mes patients, je vérifie rapidement si un félin n’est pas venu se réfugier sous mon véhicule.

Mais qu’ils réveillent nos craintes,  excitent notre curiosité ou amadouent les plus récalcitrants. Ces bêtes à poils sont avant tout l’identité de leurs maitres, la pièce maitresse de la chaumière.
Il en existe qui ne sont plus rien sans leur chien, les considérant presque comme le dernier enfant de la famille : « Mais regardez moi ces yeux ! ». C’est vrai que le king charles, au-delà de son regard globuleux et divergeant, sait regarder sa maitresse comme personne, remuant même la queue lorsqu’elle me raconte comment il adore nager après les canards de la mare, derrière la maison. 
D’autres ne s’imaginent pas vivre autrement qu'avec leur vieux chat, tout aussi décati que les propriétaires. « On a du cholestérol, alors on lui donne notre jaune d’œuf et bien malgré ses 17 ans, elle arrive en courant du fond du jardin quand elle nous entend écailler des œufs !». La vieille minette déplumée et certainement saturée de cholestérol, se réchauffe couchée sur le radiateur en léchant sa patte, ne prêtant aucune attention à ma présence.

J’ai lu une fois, le récit d’un écrivain gravement malade et mourant, qui disait que le plus dur dans sa maladie avait été de voir son chien se détourné de lui, parce que l’odeur de son cancer était devenu si forte, que son compagnon ne le reconnaissait plus. Les chats, les chiens sont des repères, de petits piliers au milieu des fondations d’une existence. Et quand un petit pilier disparait c’est parfois toute une vie qui devient bancale. 

Alors je rends hommage comme je peux à ses compagnons, en m’obligeant, par exemple, à apprendre leur nom. Car un chien qui m’accepte c’est un maitre qui me respecte. Car un chat qui se couche sur mes genoux, c’est une maitresse qui se confie à moi. Les chiens qui me connaissent bien m’apportent leurs jeux, et les chats qui m’observent en train de préparer mon matériel à prise de sang attendent toujours leur petit coton-boule avec lequel ils joueront, en attendant la prochaine ponction ou injection.
Alors même si certaines relations portent à sourire, ou à agacer. Que le jugement est facile, tellement il est tentant. Posons-nous un instant et apprenons à mieux connaitre les bêtes, pour mieux comprendre leurs maitres.

Il y a des jours où les « petits chien sauteurs » exaspèrent et où il faut avoir du chien pour accepter ceux des autres, mais où la caresse d’un matou mité et ronronnant vous donne envie de vous éterniser. 

(photo : Martine Franck)

La douce Elo'

- Elle était d’une douceur, tu sais… Je n’en doutais pas et je ne savais pas quoi lui répondre… Quels mots pouvais-je bien trouver...